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Météo à Adé

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historique et patrimoine

Zoom sur l’histoire ……

Sur le tumulus qui supporte aujourd’hui l’église, avait été édifié un château qui commandait la route vers Tarbes. A cette époque, tous les châteaux avaient un lieu de culte. Vers 1360, le château fut détruit par les Anglais qui occupaient la Bigorre. Il ne resta plus que le lieu de culte qui, tout naturellement, devint l’Église d’ADÉ.

Après plusieurs transformations et réparations, elle devait céder sa place à l’église actuelle terminée en 1878 entièrement financée par la Commune grâce à de la vente de bois, et à des dons de particuliers.

 

                                       

 

Les armoiries d’ADÉ représentent une tour ( l’ancien Château ) et une vache rouge.

C’était le Village des producteurs de lait et le rouge de la vache signifiait la prospérité.

Le surnom des Adéens : "Eths  leytassèrs"  (les laitiers en occitan) provient du fait que de nombreux habitants du village étaient producteurs de lait et le vendaient à Lourdes.

 

Et la géographie ……

Ce village ancien dont l'altitude est de 428 mètres se trouve à 5 km de Lourdes, au croisement de la D3 et de la N21 (axe principal du département).

ADÉ est situé dans un écrin de verdure, bien calé entre deux collines boisées où l’on peut effectuer de nombreuses promenades balisées avec des vues sur Lourdes, les Pyrénées et la plaine de Tarbes.

 

La chapelle du Rosaire

La chapelle du Rosaire, dont la construction remonte au XIème siècle, avait aussi été édifiée par des dons particuliers. Aujourd’hui c’est une chapelle mariale dédiée à la Vierge de Lourdes.

 

 

              

 

 

Rieutord

 

Comme Paris a sa Seine, Orléans sa Loire, Bergerac sa Dordogne, Avignon son Rhône, ou encore, Toulouse sa Garonne et plus près de chez nous Bagnères son Adour et Tournay son Arros,... plus modestement, certes, Adé a son Rieutord. Ce petit village de trois lettres, au pied des Pyrénées, est parcouru par ce charmant petit ruisseau tordu, "Rieutord". Il en est sa colonne vertébrale, même si l'on peut penser qu'en serpentant au gré du relief, qu'elle est atteinte d'arthrose. Cependant, il sillonne Adé parfaitement du sud au nord, en venant en amont de Julos, village voisin, pour nousquitter vers Lanne en aval. Cela lui laisse le temps de fraterniser avec Adé, de caresser, en ondulant tout le long des habitations côté ouest, les quartiers de Marque Dessus, Marque Meilh au coeur du patelin, et enfin Marque Débat en apaisant sa course.

 

Depuis des lustres, il fait partie de la famille adéenne, élément liquide, il incarne la vie sur ces terres et a entretenu une attraction magique ou utile avec chacun de nous.

Il a aussi alimenté trois moulins (un par quartier ou plus), ainsi que des lavoirs communaux ou privés. On lui doit peut-être le pain et les draps propres d'une certaine époque. Par son bruissementil a dû bercer dans la campagne paysanne, à l'ombre d'un frêne ou d'un chêne, des enfants lors des travaux des foins, moissons estivales ou gardiennage du bétail.

 

Nous avons pour la plupart partagé des bons moments à ses côtés ou dans son lit, lors de nos jeux de jeunesse ou encore lors de nos activités. On se souvient de ce territoire privilégié pour la pêche aux "pesquits", (petits vairons) ou plus précieuse truite fario. Nous étions armés de canne de fortune, taillées dans des bambous et équipées de curieux fils avec hameçons improvisés à partir d'aiguilles récupérées sur les cartons présentoirs lors d'achats de fringues neuves. On se souvient de ces escapades exploratrices à la recherche de grenouilles agiles ou de crapauds communs, lors des parades amoureuses dans les zones les plus douces du ruisseau, au début du printemps.Plus tard, aux premières chaleurs, on observait la magie des libellules sur les joncs; leurs danses ont donné le nom de "demoiselles" aux plus petites d'entre elles, et "d'anax ou echnes" aux plus grandes.Au coeur de l'été les serpents fréquentaient le bord du ruisseau pour réguler leur température comme la vipère aspic, la couleuvre vipérine ou à collier, mais aussi de nous faire frémir de peur. Ces aventures nous rapprochaient fortement de notre instituteur, monsieur Arberet, qui valorisait ces observations en classe, lors des cours de "leçons de choses". On se souvient au plus chaud de l'été de nos plongeons pieds nus et batailles d'eau peuplés de fous rires et de chants de grillons sur la rive. Le Rieutord forgeait notre imaginaire en emportant nos bateaux de papier, nos galions, nos chaloupes ou Hermiones fabriquées de bouts de bois amassés ça et là pour les coques et bouts de de chiffons pour les voiles. Nous nous transformions en Capitaine Crochet, Hadock, pirate ou corsaire avant de perdre nos embarcations accrochées par des ronces, coulées par des jets de pierres, ou englouties sous une vague rebelle. L'hiver même, malgré le gel, le froid et le vent, nous allions entre voisins avec les femmes et les hommes tous équipés de bonnets et gants de laine, pour laver les tripes du cochon, du "ministre" "extrême-onctié" sur la Maie lors des traditionnelles "pèle-porc"! L'agilité des doigts des femmes pour retourner les boyaux ridiculisait souvent la maladresse des hommes, plus pressés d'aller boire un coup de rouge pour le rituel "u cop penut u cop begut!" un coup pendu un coup bu! 

 

Si aujourd'hui on écoutait la voix du Rieutord, il nous chuchoterait au coin de l'oreille sa version de son histoire. Il nous dirait, peut-être, qu'il est ravi de couler tout le long de ce village, qu'il s'égaye de voir depuis son lit qu'Adé a gardé son épicerie; celle de chez Boya où les mamies, après la messe du dimanche, échangeaient quelques nouvelles assises sur le rebord de la vitrine. Pendant ce temps, leurs petits enfants achetaient un carambar ou deux, avec les sous soustraits à la quête du curé.

 

Rue de Lassalle l'épicerie Poutou a remplacé l'ancienne et préserve avant tout ce lien social, avec une animation utile et un vrai lieu de rencontre pour les habitants qui s'y rendent à pied.

 

Il nous dirait aussi, qu'il est heureux, légèrement plus bas, de longer la voie ferrée et de regarder les trains comme les vaches aiment à le faire. Ensuite il nous dirait qu'il se rapproche de l'église St Hippolyte pour la saluer et lui laver les pieds le jeudi Saint, jour de la Cène! Si parfois le glas sonne au clocher, son flux se refroidit car plus tard sur le pont de chez "Manet" il regardera passer le corbillard qui amène les défunts vers leur dernier repos, au cimetière route de Bartrès. Les proches suivent avec leur peine et leurs larmes qui gonflent son débit chagrin.

 

Plus gai, non loin de là, pour la St Jean quand la lune se reflète sur son onde et lui crée des yeux qui scintillent, il a détecté souvent la lumière du feu à la croix de "Mounette"; les jeunes se grimaient avec du charbon de bois en chantant et sautant autour du feu. Ils passaient au beau milieu de la nuit en braillant sur le même pont Manet, fiers de leurs chapardages nocturnes dans les maisons pour les déposer devant le portail de l'église. Le lendemain les personnes victimes, un peu troublées d'avoir été la cible de ces actes, venaient toutes rougies, par la chaleur du feu sûrement, récupérer leurs biens dans un capharnaüm de "vide grenier".

 

En pente douce le Rieutord a continué sa course vers Marque Debat, mais avant il a tendu l'oreille vers la cour de l'ancienne école pour entendre aux heures de la récréation les enfants jouer à "un deux trois grand-mère" ou chanter " il était un petit navire qui n'avait ja jamais navigué ohé ohé!!" . Aujourd'hui il les entend encore, même si l'école est quelques pas plus loin. C'est là qu'il longe les jardins et sent son courant qui ralentit en même temps que la pente s'adoucit.

Il aime en profiter pour faire un clin d'oeil aux deux collines parallèles qui l'accompagnent dans son voyage, le Montané à l'Ouest avec ses chênes et châtaigners qui le coiffent et le Tougaya à l'Est avec son versant d'épicéas qui surmonte les vieux "papés", chênes de la buse qui le couronnent !

 

Curieusement, il marque un arrêt ou s'étonne que les gens ne le contemplent plus, absorbés par d'autres centres d'intérêt. A droite en descendant "la Chapelle" qui autrefois accueillait quelques vêpres, cérémonies religieuses pour la fête Dieu, rogations où les enfants de coeur apportaient des petites croix de bois pour être bénies, reste silencieuse. A gauche c'est le contraire, un terrain avec de hautes perches blanches semblant vénérer un autre seigneur un monde bruyant s'anime. C'est là que les samedis et dimanches d'automne jusqu'au printemps il entend, en déroulant son eau, la clameur des fervents supporters de l'USA, club de rugby local, aux premières loges dans les tribunes ! Sur le terrain l'ogive ovale donne du fil à retordre aux joueurs alors que le Rieutord se tord de rire en voyant tant d'acharnement pour un ballon. Il arrive même que ce dernier tentant de fuir parvienne jusqu'à lui qui mimera sur quelques mètres un cadrage débordement !!!

 

Avant de quitter Adé pour rejoindre le village de Lanne à Toulicou,il ralentit et s'interroge. La campagne et l'environnement ont-ils changé ? Les prairies qui nourissaient quelques troupeaux de vaches, les haies, les mosaïques de blés, "monjettes", "mandores", foins, navets, choux ont laissé la place aux labours uniformes pour faire pousser le maïs qui n'arrive plus à étancher sa soif. Le ruisseau n'est plus assez gros et les nuages noirs dans le coeur du Rieutord n'apporteront pas de pluie. Il se retourne vers le sud et dans l'axe de la pointe de l'église, il scrute en arrière plan le sommet du Vignemale, sommet des Pyrénées françaises; il est dépossédé de son glacier qui fond qui fond et peut-être n'abreuvera plus les gaves, sources et ruisseaux ? Non loin un autre sujet d'angoisse l'envahit: une voie rapide pour satisfaire les gens pressés sera créée sur les flancs du Montané. Oui, oui, le ruissellement de l'eau du ciel qui tombera sur la route viendra vite, vite, emplir son lit, mais elle aura à coup sûr le goût de bitume et des carburants... Les temps changent...

 

Pour moi le Rieutord reste et retera un merveilleux trésor et m'a offert sa bienveillance douce tout au long de mon enfance. Il abritait dans son corps une chose étrange au pouvoir envoûtant. Il hébergeait une reine, une princesse de la nature discrète le jour, elle sortait à la nuit tombée lorsque les sorcières et les chauves-souris peuplent la campagne. Cette reine-là est l'écrevisse à pattes blanches. J'avais du mal à saisir cette bestiole qui vivait dans l'eau invisible sous les cailloux, qui se déplaçait indifféremment dans le sens du courant ou à contre-courant. Elle ne ressemblait pas aux autres locataires du ruisseau: ni poisson, ni grenouille, ni triton ou salamandre, ni insecte... une énigme pour moi. Je m'amusais, les peds dans l'eau, à soulever les pierres une à une avec d'infinies précautions pour éviter de les faire fuir et tentais de poser ma main à plat sur le dos pour les attraper. Neuf fois sur dix, avec leur queue puissante, elles se projetaient bien loin en marche arrière et m'échappaient. Elles sont devenues mes amies, mes homards, mes langoustes, mes compagnonnes du Rieutord !!

Aujourd'hui je ne sais pas si elles sont toujours présentes ou bien rares. Le Rieutord en est peut-être orphelin mais je ne les oublierai pas. Ecrevisses à pattes blanches, reines de l'eau !       

                                Merci Rieutord et garde bien ton beau décor !!!

 

                                                                                             Marc Empain le 11/02/2024